A l’instar des
collectivités et des établissements publics, les pesticides de jardins sont
désormais interdits de vente, de détention et d’utilisation pour les
particuliers (sauf biocontrôles, faibles risques et utilisables en agriculture
biologique).
Issue de la loi Labbé, cette interdiction concerne également les collectivités qui n’ont plus le droit depuis le 1er janvier 2017 d’utiliser les pesticides chimiques* sur les espaces verts, les forêts, les voiries ou les promenades accessibles ou ouverts au public.
Jardiner sans
pesticides, c’est possible, et ça va même devenir indispensable. En effet,
pour protéger l’environnement et préserver la santé publique, le législateur a
fait évoluer la règlementation en matière d’utilisation de produits
phytosanitaires pour tous les utilisateurs. Les dernières évolutions concernent
plus spécifiquement les collectivités et les jardiniers amateurs. Mais avant
ça, petit retour en arrière …
A la fin des années
1990, la sonnette d’alarme retenti dans toute la Bretagne : dans
plusieurs communes, il n’est plus possible de produire d’eau potable, les
résultats en azote et en pesticide sont trop élevés dans les milieux naturels.
La première cible des opérations d’amélioration de la qualité de l’eau,
Bretagne Eau Pure à l’époque, a été le monde agricole, qui s’est engagé dans
une amélioration progressive des pratiques culturales. La qualité s’améliore
lentement, mais surement.
Le monde agricole
n’est pas le seul concerné. Très vite, dès le milieu des années 2000, la
gestion des espaces publics à mobiliser l’attention des opérateurs de
SAGE : l’utilisation des pesticides était monnaie courante, y compris sur
les surfaces imperméables, avec pour résultat un transfert vers le pluvial et
les milieux naturels important. Les collectivités se sont alors orientées vers
de nouvelles méthodes de gestion, faisant appel au désherbage thermique ou
mécanique, au paillage, et aux techniques de jardinage au naturel. Cette
évolution volontaire est aujourd’hui règlementaire : pour les services
publics, l’utilisation des pesticides est totalement interdite depuis le 1er
janvier 2017, sauf sur les cimetières et les terrains de sport.
Le jardinier amateur,
utilisateur régulier. Pour les particuliers, à compter du 1er
janvier 2019, la vente, l’utilisation et la détention de pesticides par les
particuliers seront totalement interdites. Restent autorisés, les produits de
biocontrôle (c’est-à -dire ceux qui utilisent les mécanismes naturels), les
produits qualifiés à faibles risques et ceux utilisables en agriculture
biologique.
Les jardiniers amateurs devront donc adopter des méthodes alternatives à la chimie.
Planter des plantes locales, au bon endroit selon l’exposition et la nature du sol – cultiver à proximité les unes des autres des plantes qui s’apportent des bénéfices mutuels – utiliser les plantes et les animaux auxiliaires pour lutter contre les maladies et les ravageurs – favoriser la biodiversité, alterner les cultures, adopter le paillage pour protéger vos végétaux des bioagresseurs – en sont quelques-unes. Un jardin naturel et équilibré est un jardin plus résistant !
Rapportez vos pesticides ! Bidons, bouteilles,
flacons, sprays, et autres contenants, qu’ils soient vides, souillés ou avec un
reste de pesticides, ils doivent être rapportés en déchetterie ou en un point
de collecte temporaire, si possible dans leur emballage d’origine. Il ne faut
en aucun cas les jeter à la poubelle, ni les déverser dans les canalisations.
Renseignez-vous auprès de votre commune pour trouver la déchetterie la plus
proche ou un point de collecte temporaire.
Où trouvez l’information ?
Les vendeurs des jardineries du territoire connaissent les
techniques de jardinage au naturel et peuvent apporter des solutions efficaces.
Les sites internet regorgent d’astuces et de conseils pour se passer des
produits chimiques. Plusieurs associations proposent des conférences et des
ateliers sur les techniques alternatives. Bref … les sources d’information ne manquent pas !
► Retrouver l’ensemble des conseils et
solutions pour jardiner sans pesticides sur :
Le site www.jardiner-autrement.fr, le site de référence pour jardiner sans pesticides Le site de la Maison de Consommation et de l’Environnement : http://www.jardineraunaturel.org/ -partenaire régional
Des exemples à suivre
Plus de 4 610 communes en France sont engagées dans des chartes locales à objectif « zéro phyto ». Pour accompagner les collectivités dans leur démarche, le ministère de l’Environnement publie Ma commune sans pesticide : le guide des solutions
Et sur le territoire du SAGE Sud Cornouaille ?
Les communes du territoire n’ont pas attendu l’application de la loi Labbé, dite « zéro phyto », pour adopter des bonnes pratiques. Certaines communes sont même engagées vers le zéro phyto. Découvrez les actions innovantes mises en œuvre sur le territoire Sud Cornouaille :
Première journée de
désherbage participatif à Saint Evarzec
La commune de Saint Evarzec a récemment organisé une journée citoyenne d’entretien du cimetière
communal dans un objectif « zéro phyto ». Le comité consultatif de
l’environnement et le service des Espaces Verts de la commune ont ainsi organisé
le samedi 13 octobre 2018
une matinée de nettoyage et de désherbage du cimetière communal. Afin de
prévenir la population, deux panneaux avaient été installés à l’entrée du cimetière.
Une trentaine de participants se sont relayés durant la matinée, certains sont
restés toute la matinée d’autres une heure ou deux. Bonne humeur et ambiance
décontractée dans ce lieu solennel.
â–º Pour en savoir plus : Commune de Saint Evarzec : https://www.saint-evarzec.bzh/ – Elu référent : Cathy De Abreu, adjointe chargée des marchés publics et de l’environnement – Responsable technique : Brunon Tanniou, responsable des espaces verts
Enherbement du Cimetière de Clohars Carnoët
En réponse aux
évolutions règlementaires et à l’interdiction programmée d’utiliser des
produits phytosanitaires sur les espaces publics, la commune s’est orientée
vers l’enherbement des allées du cimetière pour en faciliter l’entretien. Cette
décision a été prise en concertation entre les élus et les services, et a été
relayée via le « Clohars info » et une plaquette d’information Ã
disposition dans le cimetière. « Cette
étape a été cruciale pour expliquer les nécessaires changements opérés par la
collectivité, mais n’a pas empêché les réactions virulentes de certains usagers.
Depuis le principe a été accepté et les retours sont plutôt positifs » explique
le responsable des espaces verts.
Sur un plan technique,
deux plantations différentes ont été réalisées. Dans les allées intermédiaires,
un gazon de type « accotement » a été planté pour un coût de l’ordre
de 0.20 € / m². Pour les inter-tombes, le sedum a été préféré pour un coût de
l’ordre de 25 € les 120 plants : « en
inter-tombe, en fonction de l’espace à couvrir, nous réalisons souvent une
plantation en ligne, avec un espacement de 10 Ã 15 cm entre chaque
plant ». Ces interventions ont été réalisées en 2 tranches au
printemps 2017 et 2018. Préalablement à la plantation, un décompactage léger du
sol a été nécessaire. Ces travaux ont été réalisés en interne : au total 3
journées / agents pour les 2 tranches.
En réalisant ces travaux,
la commune ne cherchait pas forcément à faire des économies. Clairement ce type
d’aménagement nécessite du personnel pour entretenir, mais c’est un engagement
écologique important pour l’intérêt général. Concrètement, la commune réalise 5
à 6 tontes dans l’année sur les espaces enherbés pour tenir le cimetière
propre. Pour les espaces restés en graviers, l’entretien est réalisé à l’aide
d’une houe maraichère, également connue sous le nom de vélo-binette.
â–º Pour en savoir plus : Commune de Clohars Carnoët : https://www.clohars-carnoet.fr – Elu référent : David ROSSIGNOL – Responsable technique : Benoît GUILLOSSOU
Mise en œuvre de la gestion différenciée sur la
commune de Concarneau
La gestion
différenciée est née d’une volonté de
gérer autrement les espaces verts . L’objectif est de créer à terme les
espaces verts durables de demain. Pour cela, l’étude a démontré la nécessité de
laisser entrer la nature dans la ville (faune et flore urbaine notamment) et de
répondre à un accroissement constant des surfaces en gestion tout en ayant un
effectif et des moyens contraints. Cette notion invite à la réflexion pour
mettre en œuvre une gestion adaptée à la commune :
Mettre en
avant le potentiel écologique des espaces verts dans la ville. Il ne faut pas
s’attendre à voir soudainement apparaître des espèces spectaculaires ou rares,
mais inévitablement ce mode de gestion va conduire à une augmentation
progressive de la richesse écologique du territoire Mettre en
avant le savoir-faire du personnel communal en adoptant des pratiques
extensives sur les espaces les plus naturels permettant de dégager du temps
pour les agents du service. La mise en œuvre de la gestion différenciée permet
ainsi de prendre en charge des surfaces plus importantes ou bien de consacrer
plus de temps à la conception et à l’entretien des espaces de prestiges. C’est
encore l’occasion de gérer de manière alternative les espaces minéralisés
(voirie, cimetière …)
A Concarneau, la
gestion différenciée a fait l’objet d’une large concertation avec les élus, les
agents du service et les usagers. Le Bureau d’Etude Atelier Pierre LEBRUN
Paysage à NANTES a été mandaté pour accompagner la ville dans cette
démarche pour un coût global de 20 500
€. Si cette étude a été bien perçue au début, elle a assez rapidement
rencontré des difficultés : « les usagers sont très attachés Ã
l’entretien des espaces publics, et la gestion extensive est aisément assimilée
à un non entretien » . Ce type de projet doit donc impérativement
s’accompagner d’une « bonne communication pour limiter le mécontentement
des habitants durant les 2 premières années de mise en place du Plan de Gestion
Différenciée des Espaces Verts».
Sur un plan technique,
ce travail a permis de classer les espaces publics en 4 codes de gestion ,
allant de l’espace de prestige à l’espace naturel à protéger. Les critères qui
ont permis cette classification sont l’emplacement géographique, la cohérence
territoriale, la rigueur de la composition, la technicité nécessaire Ã
l’entretien, les usages, les coûts de fonctionnement et d’investissement, la
classification au PLU (trame verte et bleue) … Cette stratégie de gestion de
l’espace public a été validée par le Conseil Municipal le 16 décembre 2014, et
mise en place au printemps 2015 sur la commune. En 3 saisons, les bilans sont très
positifs et l’on peut déjà quantifier et qualifier les bénéfices de cette
politique et tirer les premiers enseignements de ces nouvelles
pratiques. »
â–º Pour en savoir plus  : Commune de Concarneau : http://concarneau.fr/  – Elu référent : Xavier CALVARIN, adjoint aux travaux – Responsable technique : Yann HUBERT, responsable des espaces verts
Aménagement des places de parking sur Trégunc
Lors de la réfection de la voirie du centre-ville de Trégunc, la municipalité a opté pour un aménagement en pavés enherbés des places de stationnement à la sortie de la ville. Cet aménagement présente de nombreux avantages :
Sur un plan paysager , les pavés enherbés apportent un peu de verdure dans un milieu principalement minéral. Cet agencement est perméable et permet de lutter contre les pollutions : il n’y a pas de ruissellement, et les eaux sont filtrées par les végétaux et le sol Les parkings enherbés sont des micro-habitats favorables au développement de la biodiversité .
Sur un plan technique,
ces travaux nécessitent un certain nombre d’étapes afin de stabiliser
durablement l’aménagement :
Sous-fondation
sur géotextile composée de matériaux 0/80 sur environ 40 cm Une
fondation en 0/31.5 sur une épaisseur de l’ordre de 20 cm. Pour
finir, les pavés seront posés sur un lit fertile de 3 à 4 cm d’épaisseur. Les
joints sont enherbés à l’aide d’un gazon à pousse lente.
Pour l’entretien, un
apport d’engrais peut s’avérer nécessaire pour redynamiser le gazon. Au
quotidien, les voitures feront une grosse partie du travail en roulant sur
l’herbe. Une tonte peut être à prévoir épisodiquement sur les angles.
L’aménagement réalisé présente un très faible différentiel de hauteur ente la
route et le trottoir : une balayeuse peut tout à fait entretenir cet
espace sans avoir à modifier les réglages. Le bureau d’étude qui a réalisé les
travaux a estimé à 58 € / m² le coût de revient de cet aménagement.
â–º Pour en savoir plus : Commune de Tregunc: http://www.tregunc.fr/Mairie – – Elu référent : Michel TANGUY, adjoint aux travaux – Responsable technique : Jérémie GARCES